Images et perceptions

Les moyens modernes de communication intensifient de manière inouïe les informations que nous recevons. Ce ne sont plus seulement les médias professionnels (journaux, agences de presse, chaînes de télévision) qui interviennent mais les particuliers eux-mêmes grâce à Internet 2.0 (Facebook,Twitter,YouTube etc.). Il s’agit le plus souvent d’une communication brute, immédiate : au Japon, des rescapés du Tsunami, réfugiés sur la terrasse d’un immeuble, filment avec leur téléphone portable la montée des vagues qui emportent tout sur leur passage. Mis en ligne sur Youtube, le film fait le tour du monde. Le phénomène est devenu si général que les médias tentent de l’utiliser. France 24, la chaîne française d’informations propose à des particuliers de toutes les régions du monde de devenir ses « observateurs ». Un programme particulier leur donne régulièrement la parole.

En conséquence, assis devant nos écrans, nous sommes bombardés d’images et d’informations qui nous envahissent sans que soit toujours appliquée la règle de base du bon journalisme : le croisement et la vérification des sources.

Comment réagir ? D’abord réjouissons-nous de ce pouvoir nouveau donné aux peuples. C’est grâce à Internet et aux téléphones portables que les jeunes arabes ont fait tomber les vieux dictateurs.

En même temps, soyons conscients des possibilités inédites de manipulation que les nouvelles technologies de l’information et de la communication apportent. Avec Photoshop n’importe quel adolescent féru d’informatique peut modifier une photographie digitale. Les photos, les vidéos ne sont plus des preuves.

En outre, les images répétées en boucle, qui nous bombardent et nous envahissent, ont un effet hypnotique : elles visent notre émotion et bloquent notre réflexion. Elles tendent à renforcer les stéréotypes ou même le refus d’être informé. Face au bombardement médiatique, la tentation est grande de fermer l’écran et de « cultiver son jardin ».

Voilà donc une nouvelle urgence pour l’éducation à la citoyenneté mondiale : éduquer aux images aux perceptions. Cela implique l’acquisition de connaissances, de compétences et d’attitudes nouvelles, par exemple :

  • développer notre connaissances des autres cultures pour comprendre que certaines opinions ne sont pas partagées par tous et que des points de vue différents ont leur propre logique et leur propre validité ;
  • être informé des techniques utilisées pour créer, altérer, manipuler et diffuser des informations et des images ;
  • être capable de percevoir différentes perspectives et intentions dans des paroles, des textes et des images ;
  • être capable d’identifier les stéréotypes et les préjugés dans les discours, les médias et les pratiques institutionnelles et savoir les contrecarrer ;
  • pratiquer un scepticisme informé et réfléchi par rapport aux images et aux informations que nous recevons ;
  • avoir la volonté d’identifier et de vérifier les sources des informations en les comparant à d’autres sources.

Voilà un champ d’action et d’éducation passionnant. Il est urgent de développer les ressources éducatives nécessaires et de partager les expériences réalisées.

Dominique Bénard

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